L'Holocauste n'est pas une excuse aux crimes israéliens

 

Le Dr. Normal Finkelstein est un politologue américain qui s’est rendu célèbre par la publication de son livre L’industrie de l’Holocauste : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des juifs. Lui-même enfant de rescapés du Ghetto de Varsovie mais aussi des camps nazis, Finkelstein se dresse contre la manipulation et l’exploitation de la mémoire de la Shoah qui a lieu depuis quelques années.

Depuis quelques temps en effet, l’holocauste a étrangement rejoint le débat israélo-palestinien.
Dans quelle mesure cependant cet aspect de l’histoire atteint certains protagonistes qui n’ont pourtant jamais participé au conflit. Il est vrai qu’une partie des survivants ont voulu quitter leurs patries afin de se construire une nouvelle histoire, une nouvelle vie en Palestine, à l’opposé de ceux qui ont préféré immigrer vers la nouvelle Terre Promise, les Etats-Unis.
Mais qui aurait pu croire que le souvenir de la tragédie allait hanter ce processus si bien qu’au lieu de tourner la page, historiens et politiciens ont voulu garder le livre grand ouvert sur ce chapitre de l’histoire, non pas pour rendre hommage, mais pour servir de justification supplémentaire à l’entreprise sioniste. Au point qu’on se voit traité de dangereux antisémite aux tendances nazis si l’on en vient à critiquer les entreprises sionistes.
L’identité juive aujourd’hui, est sans cesse dépeinte en référence à l’Holocauste.  Sans nier l’horreur et la conséquence tragique  sur le questionnement identitaire juif, la mise en avant perpétuelle de ce lien est dangereuse. Dangereuse parce que tout d’abord les sionistes s’en servent aujourd’hui comme bouclier contre toutes les attaques qui leur sont portées quant à leur comportement vis-à-vis des Palestiniens. Il plane ainsi sur leur tête la peur incessante d’une nouvelle Shoah et vont jusqu'à voir un nouvel Hitler incarné dans les Palestiniens qui sont pourtant du côté des victimes cette fois ci.
L’obsession va jusqu'à éduquer les enfants israéliens en leur imposant ce passé, qui est bien plus qu’une simple mémoire mais un fardeau historique. Qu’ils aient eu des parents victimes des nazis ou non, qu’ils soient européens ou d’ailleurs, la jeunesse israélienne se voit intérioriser le crime nazi de telle sorte à ce qu’ils se considèrent tous comme des rescapés, des survivants. Mais surtout, un nuage terrifiant pèse constamment sur eux : le peuple élu est constamment menacé de survis. Cette menace de destruction permanente sans doute lié au traumatisme, sert aujourd’hui de justification. Il aura alors suffit qu’une parole malencontreusement jetée – Les juifs à la mer ! – pour qu’Israël s’empresse de voir la réincarnation d’Hitler dans le peuple palestinien et par extension dans les pays voisins.

Pourtant, la constante définition de juif en tant que victime de l’atrocité nazie détruit la vision humaniste de ce que nombre de juifs de ce monde ont apportés à toutes les civilisations. C’est ainsi qu’Avraham Burg, ex ministre de l’Intérieur israélien et ex-président du Parlement dénonce cette constante influence d’Hitler dans la vie des juifs d’aujourd’hui, qu’ils soient héritiers du drame ou non, dans son livre Vaincre Hitler. Tant que le souvenir d’Hitler hantera les juifs et s’immiscera ainsi par extension dans conflit israélo-palestinien, nous ne pourrons avancer. 
Les cicatrices des rescapés et de leurs héritiers sont peut-être encore vives. Mais un crime ne peut pas en justifier un autre. Et comme l’évoque Finkelstein, il est même insultant d’utiliser la souffrance des victimes juives de l’holocauste pour justifier les crimes israéliens.

On aurait pu penser qu’après avoir vécu de telles épreuves, beaucoup de rescapés ou d’enfants de rescapés se seraient battus pour promouvoir la paix dans le monde, se seraient battus pour faire reconnaître et faire prendre conscience au monde des autres génocides ayant eu lieu, auraient été un modèle d’intégrité face à l’horreur humaine. Pas de se justifier du meurtre des quelques centaines, voire milliers de Palestiniens qui ont lieu chaque année…